La sécurité avant la photo
Depuis que j’ai lancé Mélissa Chilloux Photographie il y a maintenant 5 ans, je participe régulièrement à des formations. Parce que ce métier s’apprend au delà de la technique.
La photographie de nouveau-né est une pratique très particulière. Les photographes manipulent des nourrissons de moins de 15 jours. Si la séance est mal réalisée, elle peut se révéler dangereuse.
Depuis longtemps, la FFPMI (Fédération Française de la Photographie et des métiers de l’image) souhaitait mettre en place une formation complète dédiée à la sécurité et à l’hygiène lors des séances nouveau-né, et lorsque ce projet est enfin devenu réalité, je n’ai pas hésité une seconde à y participer.
Je suis donc allée avec 80 photographes à Lège-Cap-Ferret pour quatre jours de formations organisés par la FFPMI.
Un petit air de colonie de vacance dans un superbe Village Vacances ponctuée de 6 modules pensés pour les photographes. Le but : offrir aux nouveau-nés et à leur parents un cadre sécurisé.
Je vais vous expliquer ces modules et l’importance de choisir un photographe formé pour photographier vos si petits bébés.
Premiers secours
C’est un aspect auquel on préfère ne pas penser, et heureusement, les situations d’urgence restent très rares. Pourtant, savoir comment réagir en cas de danger peut faire toute la différence — parfois même sauver une vie.
Ce module, animé par des membres de la Sécurité Civile, avait justement pour objectif de nous apprendre à agir avec sang-froid et efficacité face à diverses situations d’urgence pouvant survenir lors d’une séance photo. Les secouristes nous ont détaillé les gestes à adopter en cas d’obstruction des voies respiratoires, de perte de connaissance, ou encore de malaise soudain chez le nourrisson ou un parent.
Nous avons également pratiqué l’alerte des secours, en apprenant à transmettre les informations essentielles de manière claire et rapide, ainsi que la constitution d’un kit de premiers secours complet et adapté au studio photo : un réflexe indispensable pour tout professionnel travaillant avec de jeunes enfants.
J’avais déjà suivi, en avril 2025, l’initiation aux premiers secours enfants et nourrissons dispensée par la Croix-Rouge, mais comme on dit, un rappel ne fait jamais de mal. Cette nouvelle formation, proposée par la FFPMI, a toutefois une approche encore plus ciblée, pensée spécifiquement pour les photographes de naissance. Elle permet d’intégrer ces gestes dans notre quotidien professionnel, pour que chaque séance se déroule dans les conditions les plus sûres et les plus sereines possibles.
Connaître et comprendre le nourisson
Qui de plus qualifié qu’une sage-femme pour animer ce module ?
C’est donc naturellement qu’Anaïs Eyquard, sage- femme au CHU de Bordeaux nous a enseigné tout ce qu’il nous est utile de savoir pendant les séances.
La formation aborde en profondeur la physiologie et l’anatomie du nouveau-né, la compréhension de ses réflexes archaïques, de ses cycles de sommeil et de ses signaux de faim ou d’inconfort. Elle met également l’accent sur l’importance d’un environnement adapté, chaud, apaisant et sécurisant, afin que le bébé se sente parfaitement bien tout au long de la séance.
Sécurité, matériel et poses simples
L’objectif de ce module, animé par la photographe spécialisée Virginie Viguié, est d’apprendre à garantir la sécurité du nouveau-né à chaque étape de la séance, grâce à une préparation rigoureuse et une manipulation adaptée. Virginie nous a transmis son expertise sur les techniques d’emmaillotage sécurisées, en expliquant comment envelopper le bébé tout en respectant sa physiologie et son confort. Nous avons également abordé le choix du matériel et des matières les plus appropriés afin d’assurer une hygiène irréprochable et de limiter tout risque d’allergie ou d’irritation.
La formation insiste enfin sur un point essentiel : la sécurisation de l’espace de travail. Un environnement propre, organisé et calme contribue non seulement au bien-être du nourrisson, mais aussi à la sérénité des parents, qui peuvent ainsi vivre cette séance en toute confiance.
Workflow et organisation d'un shooting
Là encore, le mot d’ordre est clair : la sécurité avant l’image.
Sur les réseaux sociaux, on voit circuler de nombreuses photos de nouveau-nés — certaines sont sublimes, d’autres un peu moins — mais trop souvent, elles sont réalisées sans réelle considération pour la sécurité du bébé. Des positions inadaptées, un maintien insuffisant, des accessoires non sécurisés… Ce genre d’images me glace le sang, car derrière une belle mise en scène se cachent parfois des pratiques dangereuses.
Ce module, animé par la photographe Magalie Bauer, nous a justement permis d’approfondir la bonne conduite d’une séance nouveau-né de A à Z. De la préparation du matériel jusqu’à la livraison des images, tout y est pensé pour placer le bien-être du bébé au centre du shooting.
Magalie nous a présenté sa méthode de travail, fondée sur la douceur et l’observation : des poses simples et naturelles, enchaînées avec fluidité pour ne pas déranger le sommeil ou le confort du nourrisson. Elle nous a montré comment adapter le déroulement de la séance aux imprévus, selon le rythme et les besoins du bébé. Car oui, comme j’aime le rappeler à mes clients : c’est toujours bébé qui dirige la séance. Et c’est justement en respectant ce rythme que l’on capture les images les plus vraies, les plus tendres et les plus précieuses.
Psychologie et gestion des parents
Lors d’une séance naissance, mon rôle ne se limite pas à photographier le bébé. Je gère aussi l’humain dans son ensemble : le nouveau-né, bien sûr, mais aussi les parents et parfois les aînés. Chaque séance est une rencontre, un moment de confiance et d’émotion.
Vous venez tout juste de devenir parents, et c’est normal d’avoir mille questions, d’hésiter, de vous sentir un peu perdus. Vous me confiez ce que vous avez de plus précieux, et je mesure pleinement cette responsabilité. Mon rôle est aussi de vous rassurer, de vous accompagner avec douceur, et de faire en sorte que cette séance devienne une bulle de calme et de bienveillance dans le tourbillon des premiers jours.
Le post-partum est une période sensible, parfois bouleversante, où les émotions sont fortes et le corps encore en convalescence. Être écoutée et comprise, même le temps d’une séance photo, peut faire énormément de bien. C’est un moment pour souffler, pour se reconnecter à soi et à son bébé, sans jugement, avec bienveillance.
Et lorsque la famille s’agrandit, un autre rôle se joue : celui des grands frères et grandes sœurs. Leur place change, leur univers aussi, et leur comportement peut parfois surprendre. Ils ont eux aussi besoin d’attention, de valorisation, et d’un rôle à jouer pendant la séance. Je veille toujours à les impliquer avec douceur, à les faire participer pour qu’ils se sentent importants et fiers.
La psychologue Marie Muh, lors de ce module, nous a justement apporté des clés précieuses pour apaiser les inquiétudes des jeunes parents et impliquer les aînés de manière positive. Grâce à ses conseils, nous avons pu mieux comprendre les émotions qui se jouent dans ces instants et apprendre à créer un cadre serein, sécurisant et joyeux pour toute la famille.
Stratégie business et rentabilité
La photographe Aurélie Martineau nous a partagé ses méthodes et son expérience pour construire une entreprise pérenne et équilibrée. Parce qu’aussi belle et passionnante soit la photographie, il ne faut pas oublier que c’est avant tout un métier, et qu’une passion, sans clients, ne suffit pas à faire vivre une activité.
Ce module nous a permis de comprendre l’importance d’avoir une vision claire de notre entreprise, de connaître nos charges, de fixer des tarifs justes et cohérents avec notre savoir-faire, notre expertise et la qualité que nous offrons. Aurélie a également abordé la nécessité de communiquer efficacement, notamment à travers les réseaux sociaux, véritables vitrines de notre travail et outils puissants pour toucher notre clientèle idéale.
Au-delà de la visibilité, elle a insisté sur l’importance de fidéliser ses clients : créer une relation durable, fondée sur la confiance et la satisfaction, est la clé pour faire grandir son activité dans la durée. Mais dans un univers créatif en constante évolution, se renouveler est tout aussi essentiel — oser explorer de nouvelles idées, faire évoluer son style, adapter ses offres et rester curieux du monde qui nous entoure.
Car au final, être photographe, c’est trouver ce juste équilibre entre passion et professionnalisme, entre créativité et gestion, afin de bâtir une entreprise solide, humaine et durable.
Les dessous de la formation
En dehors de ces six modules, ce qui rend ce type de formation particulièrement passionnant, ce sont les rencontres et les échanges que l’on y fait. La photographie n’est pas seulement un art solitaire : elle se nourrit de partages, de conseils et d’inspirations. Participer à des formations, des workshops ou des masterclasses, c’est rencontrer d’autres passionnés, confronter ses idées, s’inspirer des expériences des autres et repartir avec des perspectives nouvelles et enrichissantes. Ces moments d’échange sont aussi précieux que l’acquisition technique elle-même.
Je ressors de ces quatre jours d’immersion complète plus motivée que jamais pour vous offrir le meilleur lors de vos séances naissance. J’étais déjà sereine quant à ma pratique, car la sécurité a toujours été ma priorité, mais cette formation a renforcé et confirmé mes méthodes, tout en m’apportant de nouvelles clés pour être encore plus efficace et bienveillante auprès des bébés et des familles.
La FFPMI souhaite faire de cette formation le socle d’une future certification, que je compte passer dès sa sortie. Pour moi, c’est une étape essentielle, car elle garantit aux parents la confiance et la tranquillité d’esprit : savoir que leur tout-petit sera photographié dans les meilleures conditions possibles, avec sécurité, respect et expertise.
